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n%u00e9cessaires pour sauver l%u2019homme. Ce qu%u2019aucun algorithme ne pourra jamais prendre en compte,c%u2019est, par exemple, ce temps de l%u2019enfance dont nous nous souvenons avec tendresse et quicontinue %u00e0 se produire aux quatre coins de la plan%u00e8te, m%u00eame si les ann%u00e9es passent. Je pense %u00e0l%u2019utilisation de la fourchette pour sceller les bords de ces panzerotti faits maison avec nos m%u00e8resou nos grands-m%u00e8res. C%u2019est ce moment d%u2019apprentissage culinaire, %u00e0 mi-chemin entre le jeu et l%u2019%u00e2geadulte, o%u00f9 l%u2019on prend la responsabilit%u00e9 de travailler pour aider l%u2019autre. Comme la fourchette, jepourrais citer des milliers de petits d%u00e9tails qui se trouvent dans la biographie de chacun :provoquer un sourire avec une plaisanterie, faire un dessin au contrejour d%u2019une fen%u00eatre, jouer sonpremier match de football avec un ballon en chiffon, conserver des vers dans une bo%u00eete %u00e0chaussures, faire s%u00e9cher une fleur entre les pages d%u2019un livre, s%u2019occuper d%u2019un oiseau tomb%u00e9 du nid,faire un v%u0153u en cueillant une marguerite. Tous ces petits d%u00e9tails %u2013 ce qui est ordinaireextraordinaire %u2013 ne pourront jamais faire partie des algorithmes. Parce que la fourchette, lesplaisanteries, la fen%u00eatre, le ballon, la bo%u00eete %u00e0 chaussures, le livre, l%u2019oiseau, la fleur... reposent sur latendresse que l%u2019on conserve dans les souvenirs du c%u0153ur.21. Le noyau de tout %u00eatre humain, son centre le plus intime, n%u2019est pas le noyau de l%u2019%u00e2me mais detoute la personne dans son identit%u00e9 unique qui est %u00e0 la fois %u00e2me et corps. Tout s%u2019unifie dans lec%u0153ur qui peut %u00eatre le si%u00e8ge de l%u2019amour avec la totalit%u00e9 de ses composantes spirituelles,%u00e9motionnelles et m%u00eame physiques. En d%u00e9finitive, si l%u2019amour y r%u00e8gne, la personne r%u00e9alise sonidentit%u00e9 de mani%u00e8re pleine et lumineuse, car tout %u00eatre humain a %u00e9t%u00e9 cr%u00e9%u00e9 avant tout pour l%u2019amour, ilest fait dans ses fibres les plus profondes pour aimer et %u00eatre aim%u00e9.22. C%u2019est pourquoi, en voyant comment les nouvelles guerres se succ%u00e8dent avec la complicit%u00e9, latol%u00e9rance ou l%u2019indiff%u00e9rence d%u2019autres pays, ou de simples luttes de pouvoir autour d%u2019int%u00e9r%u00eatspartisans, nous sommes en droit de penser que la soci%u00e9t%u00e9 mondiale est en train de perdre sonc%u0153ur. Il suffit de regarder et d%u2019%u00e9couter les femmes %u00e2g%u00e9es %u2013 de diff%u00e9rentes parties en conflit %u2013 quisont prisonni%u00e8res de ces affrontements d%u00e9vastateurs. Il est d%u00e9chirant de les voir pleurer leurspetits-enfants assassin%u00e9s ou de les entendre souhaiter leur propre mort parce qu%u2019elles ont perdu lamaison dans laquelle elles ont toujours v%u00e9cu. Elles, qui ont %u00e9t%u00e9 souvent des mod%u00e8les de force etd%u2019endurance au cours de vies difficiles et sacrifi%u00e9es, parviennent aujourd%u2019hui %u00e0 la derni%u00e8re %u00e9tape deleur existence et ne re%u00e7oivent pas la paix m%u00e9rit%u00e9e, mais de l%u2019angoisse, de la peur et del%u2019indignation. Rejeter la responsabilit%u00e9 sur les autres ne r%u00e9sout pas ce drame honteux. Voir desgrands-m%u00e8res pleurer sans que cela nous soit intol%u00e9rable est le signe d%u2019un monde sans c%u0153ur.23. Lorsqu%u2019une personne r%u00e9fl%u00e9chit, cherche, m%u00e9dite sur son %u00eatre et son identit%u00e9 ou bien analysedes questions sup%u00e9rieures ; lorsqu%u2019elle r%u00e9fl%u00e9chit au sens de sa vie et m%u00eame lorsqu%u2019elle rechercheDieu, si elle %u00e9prouve la joie d%u2019avoir entrevu quelque chose de la v%u00e9rit%u00e9, cela trouve son pointculminant dans l%u2019amour. En aimant, la personne sent qu%u2019elle sait pourquoi et dans quel but elle vit.Tout converge ainsi vers un %u00e9tat de connexion et d%u2019harmonie. C%u2019est pourquoi, face %u00e0 son myst%u00e8repersonnel, la question la plus d%u00e9cisive que chacun peut se poser est peut-%u00eatre la suivante : ai-jeun c%u0153ur ?6