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lorsqu%u2019une r%u00e9alit%u00e9 est saisie avec le c%u0153ur il est possible de mieux la conna%u00eetre, et pluscompl%u00e8tement. Cela nous conduit in%u00e9vitablement %u00e0 l%u2019amour dont le c%u0153ur est capable, car %u00ab le fondde la r%u00e9alit%u00e9 c%u2019est l%u2019amour %u00bb. [11] Pour Heidegger, selon l%u2019interpr%u00e9tation qu%u2019en fait un penseurcontemporain, la philosophie ne commence pas par un concept pur ou une certitude, mais par une%u00e9motion : %u00ab La pens%u00e9e doit %u00eatre saisie avant ou pendant qu%u2019elle travaille avec les concepts. Sansl%u2019%u00e9motion, la pens%u00e9e ne peut pas commencer. La premi%u00e8re image de la pens%u00e9e, c%u2019est la chair depoule. C%u2019est l%u2019%u00e9motion qui fait r%u00e9fl%u00e9chir et questionner : %u201cLa philosophie se fait toujours dans un %u00e9tatd%u2019%u00e2me fondamental%u201d ( Stimmung) %u00bb. [12] C%u2019est l%u00e0 qu%u2019appara%u00eet le c%u0153ur qui %u00ab abrite les %u00e9tats d%u2019%u00e2me,fonctionne comme un %u201cgardien de l%u2019%u00e9tat de l%u2019%u00e2me%u201d. Le %u201cc%u0153ur%u201d entend de mani%u00e8re non m%u00e9taphorique%u201cla voix silencieuse%u201d de l%u2019%u00eatre, se laissant mod%u00e9rer et d%u00e9terminer par elle %u00bb. [13]Le c%u0153ur qui assemble les fragments17. En m%u00eame temps, le c%u0153ur rend possible tout lien authentique, car une relation qui n%u2019est pasconstruite par le c%u0153ur ne peut pas surmonter le morcellement de l%u2019individualisme. Deux monadesqui se croiseraient pourraient seulement se maintenir, mais elles ne s%u2019uniraient pas vraiment.L%u2019anti-c%u0153ur est une soci%u00e9t%u00e9 de plus en plus domin%u00e9e par le narcissisme et l%u2019autor%u00e9f%u00e9rence. Nousarrivons finalement %u00e0 la %u201cperte du d%u00e9sir%u201d, parce que l%u2019autre dispara%u00eet de l%u2019horizon et nous nousenfermons dans notre %u00e9go%u00efsme, incapables de relations saines. [14] En cons%u00e9quence, nousdevenons incapables d%u2019accueillir Dieu. Comme le dirait Heidegger, pour recevoir le divin, nousdevons b%u00e2tir une %u00ab maison d%u2019h%u00f4tes %u00bb. [15]18. Nous voyons ainsi que, dans le c%u0153ur de chaque personne, il existe ce lien paradoxal entre lavalorisation de soi et l%u2019ouverture %u00e0 l%u2019autre, entre la rencontre tr%u00e8s personnelle avec soi-m%u00eame et ledon de soi %u00e0 l%u2019autre. Je ne deviens moi-m%u00eame que lorsque j%u2019acquiers la capacit%u00e9 de reconna%u00eetrel%u2019autre, et que je rencontre l%u2019autre qui peut reconna%u00eetre et accepter mon identit%u00e9.19. Le c%u0153ur est %u00e9galement capable d%u2019unifier et d%u2019harmoniser l%u2019histoire personnelle, qui semblefragment%u00e9e en mille morceaux mais o%u00f9 tout peut avoir un sens. C%u2019est ce que l%u2019%u00c9vangile exprimeavec Marie qui regardait avec le c%u0153ur. Elle savait dialoguer avec les exp%u00e9riences conserv%u00e9es en yr%u00e9fl%u00e9chissant dans son c%u0153ur, en leur donnant du temps, les m%u00e9ditant et les conservantint%u00e9rieurement pour se souvenir. Dans l%u2019%u00c9vangile, la meilleure expression de ce que pense lec%u0153ur est repr%u00e9sent%u00e9e par les deux passages de saint Luc qui nous disent que Marie %u00ab gardait(syneterei) toutes ces choses, les m%u00e9ditant (symballousa) dans son c%u0153ur %u00bb (cf. Lc 2, 19 ; cf. 2,51). Le verbe symballein (d%u2019o%u00f9 le terme %u201csymbole%u201d) signifie m%u00e9diter, unir deux choses dans sonesprit, et aussi s%u2019examiner soi-m%u00eame, r%u00e9fl%u00e9chir, dialoguer avec soi-m%u00eame. En Lc 2, 51 dietereisignifie %u201cconserver avec soin%u201d, et ce qu%u2019elle conservait n%u2019%u00e9tait pas seulement %u201cla sc%u00e8ne%u201d qu%u2019ellevoyait, mais aussi ce qu%u2019elle ne comprenait pas encore, mais qui %u00e9tait pr%u00e9sent et vivant dansl%u2019attente de tout rassembler dans son c%u0153ur.20. %u00c0 l%u2019%u00e8re de l%u2019intelligence artificielle, nous ne pouvons pas oublier que la po%u00e9sie et l%u2019amour sont5