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189. L%u2019habitude de demander pardon aux fr%u00e8res fait partie de cet esprit de r%u00e9paration ; elled%u00e9montre une grande noblesse au c%u0153ur de notre fragilit%u00e9. La demande de pardon est un moyende gu%u00e9rir les relations parce qu%u2019elle %u00ab rouvre le dialogue et manifeste la volont%u00e9 de renouer dans lacharit%u00e9 fraternelle, [...] elle touche le c%u0153ur du fr%u00e8re, le console et suscite en lui l%u2019accueil du pardondemand%u00e9. Alors, si l%u2019irr%u00e9parable ne peut %u00eatre totalement r%u00e9par%u00e9, l%u2019amour, lui, peut toujours rena%u00eetre,rendant la blessure supportable %u00bb. [201]190. Un c%u0153ur capable de compassion peut grandir dans la fraternit%u00e9 et la solidarit%u00e9 car %u00ab celui quine pleure pas r%u00e9gresse, il vieillit int%u00e9rieurement tandis que celui qui parvient %u00e0 une pri%u00e8re plussimple et plus intime, faite d%u2019adoration et d%u2019%u00e9motion devant Dieu, celui-l%u00e0 m%u00fbrit. Il s%u2019attache demoins en moins %u00e0 lui-m%u00eame, de plus en plus au Christ, et devient pauvre en esprit. Il se sent ainsiplus proche des pauvres, les bien-aim%u00e9s de Dieu %u00bb. [202] C%u2019est ainsi que na%u00eet un authentiqueesprit de r%u00e9paration, car %u00ab celui qui a de la componction dans le c%u0153ur se sent de plus en plus fr%u00e8rede tous les p%u00e9cheurs du monde, il se sent davantage fr%u00e8re, sans aucun sentiment de sup%u00e9riorit%u00e9ou de duret%u00e9 de jugement, mais toujours avec le d%u00e9sir d%u2019aimer et de r%u00e9parer %u00bb. [203] Cettesolidarit%u00e9 qui g%u00e9n%u00e8re la compassion rend en m%u00eame temps possible la r%u00e9conciliation. La personnecapable de componction, %u00ab au lieu de se mettre en col%u00e8re et de se scandaliser du mal fait par sesfr%u00e8res, pleure leurs p%u00e9ch%u00e9s. Elle ne se scandalise pas. Il se produit une sorte de renversement. Latendance naturelle %u00e0 %u00eatre indulgent avec soi-m%u00eame et inflexible avec les autres s%u2019inverse et, par lagr%u00e2ce de Dieu, on devient ferme avec soi-m%u00eame et mis%u00e9ricordieux avec les autres %u00bb. [204]La r%u00e9paration : un prolongement pour le C%u0153ur du Christ191. Il y a une autre mani%u00e8re compl%u00e9mentaire de comprendre la r%u00e9paration, qui place celle-ci dansune relation encore plus directe avec le C%u0153ur du Christ, sans pour autant exclure l%u2019engagementconcret envers les fr%u00e8res dont nous avons parl%u00e9.192. Dans un autre contexte, j%u2019ai affirm%u00e9 que Dieu %u00ab a voulu se limiter lui-m%u00eame de quelquemani%u00e8re %u00bb et que %u00ab beaucoup de choses que nous consid%u00e9rons mauvaises, dangereuses ousources de souffrances, font en r%u00e9alit%u00e9 partie des douleurs de l%u2019enfantement qui nous stimulent %u00e0collaborer avec le Cr%u00e9ateur %u00bb. [205] Notre coop%u00e9ration peut permettre %u00e0 la puissance et %u00e0 l%u2019amourde Dieu de se r%u00e9pandre dans nos vies et dans le monde, tandis que le rejet ou l%u2019indiff%u00e9rencepeuvent l%u2019emp%u00eacher. Certaines expressions bibliques expriment cela de mani%u00e8re m%u00e9taphorique,comme lorsque le Seigneur s%u2019%u00e9crie : %u00ab Si tu reviens Isra%u00ebl, c%u2019est %u00e0 moi que tu reviendras %u00bb ( Jr 4,1). Ou lorsqu%u2019il dit, face aux rejets de son peuple : %u00ab Mon c%u0153ur en moi est boulevers%u00e9, toutes mesentrailles fr%u00e9missent %u00bb ( Os 11, 8).193. Bien qu%u2019il ne soit pas possible de parler d%u2019une nouvelle souffrance du Christ glorieux, %u00ab leMyst%u00e8re pascal du Christ [%u2026] et tout ce qu%u2019Il a fait et souffert pour tous les hommes participe del%u2019%u00e9ternit%u00e9 divine et surplombe tous les temps et y est rendu pr%u00e9sent %u00bb. [206] Nous pouvons direqu%u2019Il a lui-m%u00eame accept%u00e9 de limiter la gloire d%u00e9bordante de sa r%u00e9surrection, de contenir la diffusion46