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157. Voyons alors l%u2019unit%u00e9 du Myst%u00e8re pascal dans ses deux aspects ins%u00e9parables qui s%u2019%u00e9clairentmutuellement. Ce Myst%u00e8re unique, rendu pr%u00e9sent par la gr%u00e2ce dans ses deux dimensions, fait quenos souffrances sont illumin%u00e9es et transfigur%u00e9es par la lumi%u00e8re pascale de l%u2019amour, alors m%u00eameque nous cherchons %u00e0 offrir quelque chose au Christ pour le consoler. Nous participons %u00e0 ceMyst%u00e8re dans notre vie concr%u00e8te parce que, par avance, le Christ a voulu participer %u00e0 notre vie, Il avoulu par avance vivre en tant que t%u00eate ce que son Corps eccl%u00e9sial allait vivre, tant dans lesblessures que dans les consolations. Lorsque nous vivons dans la gr%u00e2ce de Dieu, cetteparticipation mutuelle devient une exp%u00e9rience spirituelle. En d%u00e9finitive, le Ressuscit%u00e9 par l%u2019action desa gr%u00e2ce nous permet d%u2019%u00eatre myst%u00e9rieusement unis %u00e0 sa Passion. Les c%u0153urs croyants qui fontl%u2019exp%u00e9rience de la joie de la r%u00e9surrection le savent, mais ils d%u00e9sirent en m%u00eame temps participer audestin de leur Seigneur. Ils sont pr%u00eats %u00e0 cette participation par les souffrances, les peines, lesd%u00e9ceptions et les peurs qui font partie de leur vie. Ils ne vivent pas ce Myst%u00e8re dans la solitudeparce que ces blessures sont %u00e9galement une participation au destin du Corps mystique du Christqui marche au milieu du peuple saint de Dieu. Celui-ci porte en lui le destin du Christ en touttemps et en tout lieu de l%u2019histoire. La d%u00e9votion de consolation n%u2019est pas anhistorique ni abstraite,elle se fait chair et sang dans le cheminement de l%u2019%u00c9glise.La Componction158. Le d%u00e9sir n%u00e9cessaire de consoler le Christ, qui na%u00eet de la souffrance en contemplant ce qu%u2019Il aendur%u00e9 pour nous, se nourrit aussi de la reconnaissance sinc%u00e8re de nos servitudes, de nosattachements, de nos manques de joie dans la foi, de nos vaines recherches et, au-del%u00e0 de nosp%u00e9ch%u00e9s concrets, de la non correspondance de nos c%u0153urs %u00e0 son amour et %u00e0 son projet. Cetteexp%u00e9rience nous purifie car l%u2019amour a besoin de la purification des larmes qui, en fin de compte,nous rendent plus assoiff%u00e9s de Dieu et moins obs%u00e9d%u00e9s de nous-m%u00eames.159. Nous voyons ainsi que plus le d%u00e9sir de consoler le Seigneur est profond, plus la componctiondu c%u0153ur croyant est profonde. Celle-ci %u00ab n%u2019est pas un sentiment de culpabilit%u00e9 qui abat, ni unscrupule qui paralyse, mais une piq%u00fbre salutaire qui br%u00fble %u00e0 l%u2019int%u00e9rieur et gu%u00e9rit, parce que le c%u0153ur,lorsqu%u2019il voit son mal et se reconna%u00eet p%u00e9cheur, s%u2019ouvre, accueille l%u2019action de l%u2019Esprit Saint, eau vivequi l%u2019%u00e9meut et fait couler des larmes sur son visage [...]. Il ne s%u2019agit pas de pleurer sur nousm%u00eames, comme nous sommes souvent tent%u00e9s de le faire. [...] Avoir des larmes de componctionc%u2019est au contraire nous repentir s%u00e9rieusement d%u2019avoir attrist%u00e9 Dieu par le p%u00e9ch%u00e9 ; c%u2019est reconna%u00eetreque nous sommes toujours en dette et jamais en cr%u00e9dit [...]. Comme la goutte creuse la pierre, leslarmes creusent lentement les c%u0153urs endurcis. On assiste ainsi au miracle de la tristesse, de labonne tristesse, qui conduit %u00e0 la douceur [...]. La componction n%u2019est pas tant le fruit de notreexercice, mais elle est une gr%u00e2ce et, comme telle, doit %u00eatre demand%u00e9e dans la pri%u00e8re %u00bb. [159] Ils%u2019agit de %u00ab demander [%u2026] la douleur avec le Christ douloureux ; l%u2019accablement avec le Christaccabl%u00e9, les larmes, et la peine int%u00e9rieure pour la peine si grande que le Christ a endur%u00e9 pour moi%u00bb. [160]38