Les vitraux de Charlesbourg

En 1947, on découvre dans les Archives, une correspondance du Père Robert Bernier, supérieur, auprès de huit artisans verriers de Montréal ou de France pour l’obtention de verrières destinées à orner les fenêtres de la chapelle des élèves.

par Gilles Ouellet, c.j.m et Normand Martin, c.j.m.

Un troisième collège à Québec

L’enseignement à Québec, à la manière des collèges français, débute dès les premières années de la colonie, grâce à la présence des Jésuites, dès les années 1635. Après la conquête de Québec par les Anglais en 1765, le petit séminaire de Québec, fondé par Monseigneur de Laval, en 1668, prit la relève, à lui seul, pendant plus d’un siècle et demi. En 1930, les Jésuites reviennent à la rescousse en ressuscitant un collège à Québec. Les deux institutions sont logées dans la haute-ville de Québec. Elles se trouvent bien éloignées des quartiers en développement dans Limoilou et sur la côte de Beaupré. Les curés expriment au Cardinal Villeneuve leur désir de voir s’ériger un troisième collège dans leur milieu.

À l’été 1936, le cardinal rencontre le Père François Tressel, supérieur provincial, pour lui parler d’un projet de fondation. Après avoir requis les autorisations nécessaires des autorités de la congrégation, en juillet 1938, on signa un contrat pour la construction d’un imposant édifice de briques et de pierres.

Dans la façade en hémicycle, à l’étage supérieur, on aperçoit une série de 10 grandes fenêtres qui se situent à l’arrière de la chapelle.

Externat Classique circa 1950

CEGEP de Limoilou photographié par Daniel Abel en 2022

Un projet inachevé

Malgré l’enthousiasme des débuts, le collège a traversé la situation économique difficile de la dernière guerre pour des familles de quartiers ouvriers peinant à défrayer les frais de scolarité de leurs enfants. La situation économique du collège n’était pas des plus prospère.

Comme nous l'avons vu, le Père Robert Bernier, à la fin de son second mandat en 1947, entreprit des communications avec les maîtres-verrier qui s’étendent des années 1947 jusqu’en 1952.

En plus d’avoir dû choisir le meilleur prix possible pour exécuter le projet, il fallait aussi négocier les modalités de paiement avec des extensions dans le temps sur un an ou deux ans. Les quatre grands vitraux ont été exécutés pour un prix de 510$ chacun, plus les frais de transport, par le maître-verrier Alfred Briand, dont l’atelier était situé au 8, de la rue Hoche, à Rennes.

Le verrier Guido Nincheri de Montréal avait été mis en compétition avec des artisans français, pour exécuter les grands vitraux. Défendant la qualité supérieure de son travail, il se voyait dans l’impossibilité de le réaliser au même prix que ses compétiteurs.

De plus, dans les ententes réalisées, le Père Potvin devait payer en quelques versements, dépendant des entrées de fonds au collège, selon la saison de l’année.

Après la commande des deux premiers vitraux en 1953, les deux autres ont été livrés en décembre 1956.
Malgré les instances faites par M. Briand pour inciter les pères à passer la commande pour les 6 autres grandes fenêtres selon le plan déjà soumis, nous ne trouvons plus de correspondances sur ce sujet dans nos archives.

L’histoire proposée de la vie de saint Jean Eudes n’aura donc été qu’esquissée à partir de quelques-uns des éléments les plus caractéristiques de la vie de notre fondateur. 

Dossier de recherche : Gilles Ouellet, décembre 2021

Normand Martin raconte les années 1970

Lorsque je suis arrivé à Charlesbourg en octobre 1970, le père Louis-Philippe Pelletier m'a demandé de finir les travaux de La Boiserie commencés par le père Robert Thibodeau, local devenu celui des archives de la province eudiste. Il m’avait aussi laissé entendre que lorsque les revenus le permettront, il faudrait effectuer des travaux à la chapelle pour la mettre aux normes afin de donner suite au concile Vatican II.

Nous avions reçu, lors du déménagement de la communauté de l'Externat Saint- Jean- Eudes, les vitraux de la chapelle que nous voulions installer dans les fenêtres de celle de Charlesbourg.

En 1972, nous avons accordé le contrat à la compagnie Louis Fecteau pour refaire les travaux de la chapelle : enlever l'autel principal et les stalles le long des murs, refaire la finition des murs, refaire le plancher, installer un tapis au chœur et fermer le jubé, installer une sculpture de John Barry Wheaton sur le mur arrière. Claude Lizotte a été chargé de construire le mobilier pour le chœur. Nous avons fait l’achat de 75 fauteuils que l'on retrouve encore à la chapelle.

Par la suite, nous avons procédé à l'installation des vitraux. Il a fallu, en tout premier lieu, réparer quelques plombs et quelques morceaux de verre brisé. Comme les vitraux étaient un peu plus courts que l'ouverture, nous avons dû les rallonger en y ajoutant un texte, choisi par Mgr Napoléon Alexandre Labrie. J’ai oublié le nom du vitrier qui a fait les réparations et les ajouts. Le choix de cet artisan a été fait par monsieur Fecteau.

Une fois tous les travaux terminés, on en arrivait à la peinture. Comme tous travaux dans les communautés, il y a des pour et des contre quand on arrive au choix des couleurs. À la fin des travaux, certains voulaient que la peinture soit reprise au complet. Les coûts étant défrayés par l'administration provinciale et qu’à l'époque les sous ne venaient pas du ciel, la chapelle est restée dans les couleurs que nous voyons aujourd’hui.

À ma souvenance, le 20 octobre 1973 (ou 1974 selon le Père Gaston Rinfret qui était supérieur à l'époque : voir au cahier du Conseil), nous avons eu une fête à la chapelle avec conférence de Mgr Fernand Lacroix qui a expliqué chaque vitrail, suivi d'un concert d'orgue donné par l'abbé Antoine Bouchard. Avec l'aide de Jacques Rhéaume, nous avions installé des réflecteurs à l'extérieur pour chaque fenêtre, ce qui permettait d’apprécier la beauté exceptionnelle de l’œuvre.

Construite en 1922, la maison fête cette année ses 100 ans. Il y aura donc 48 ou 49 ans que les vitraux ont été installés dans notre chapelle. 

Écrit de mémoire par Normand Martin, le 2 janvier 2022.